Retour à l'accueil tubededentifrice.com


Aide de la rubrique






Classement de fichiers :  


Naviguer parmi les fichiers :
Nom d'utilisateur ou nom du fichier :
Alzheimer, ma mère et moi: une rencontre terrible
c'est un moment douloureux de ma vie
Moi, 20 ans, jeune femme pleine de vie, étudiante et aux dires de ma mère brillante. Depuis trois ans vivant une histoire d'amour avec un bel homme. Depuis 20 mois, l'heureuse "tata gali" d'un bout de choux extra. Ayant une relation complice avec ses deux frères et sa sœur tous beaucoup plus âgés.
Elle, ma mère, 50 ans, femme superbe. Mère dévouée et femme aimante. Elle a toujours été là pour moi et compte beaucoup à mes yeux. Longtemps ma meilleure amie et pendant un temps ma seule amie, ma confidente, mon rayon de soleil. La personne sans laquelle je ne pourrais vivre!
Lui, mon grand-père, à la veille de ses 80 printemps. Boulanger à la retraite. Un homme qui a toujours été hargneux et autoritaire. Qui a toujours trompé sa femme même lorsque celle-ci vivait ses derniers jours à l'hôpital. Bref un piètre mari. Souvent froid et quelque peu dictateur avec ses enfants, ce que l'on ne pourrait appeler un père parfait.

Trois personnes distinctes liées par le sang et par la maison qu'elles partagent depuis 20 ans, malheureusement embourbées dans une histoire terrible. Histoire biensûr due à cette horrible maladie par laquelle est affecté mon grand-père depuis cinq ans: le Corps de Lewi (mélange de Alzheimer en plus fort et plus rapide et de Parkinson. Mais la situation s'est aggravée depuis quelques mois.
En effet, ces cinq dernières années ont été plutôt joyeuses. Comment? me direz-vous, outré par un vocabulaire si jovial malgré la maladie.
Je pense que je commencerai par vous répondre que souvent, nous avons préféré rire pour ne pas pleurer car ce que nous avions sous les yeux était terrible!

J'emploi biensûr ce terme dans les deux sens. Comme les plus jeunes l'emploient aujourd'hui, terrible est un qualificatif utilisé pour quelque chose de génial, d'excitant, de très drôle, de comique... Comme les dictionnaires le définissent, terrible est utilisé pour quelque chose de grave, d'irréversible, d'important, marquant une vie à jamais.
La maladie du Corps de Lewi est la parfaite représentation de ces deux aspects. Les cinq premières années de la maladie nous ont fait beaucoup rire car nous pensions que c'était quelque chose de tout à fait anodin, c'est la vieillerie comme on dit souvent. Tout c'est déclenché après son opération de la prostate. Opération qui n'avait pas lieu d'être. Elle est la cause d'un médecin incompétent, qui n'a pas su lire les résultats d'analyse de mon grand-père. Ne faîtes jamais confiance à un seul médecin!
En effet, donc, à la suite de celle-ci, il a commencé à perdre la tête, à devenir dépressif. Ma mère et moi pensions que cela était du à l'anesthésie et au fait que cet homme si fier n'arrivait pas à admettre qu'il ne puisse plus se retenir de faire pipi. Nous pensions que ce ne serait que passager.
La première année donc, il lui arrivait souvent d'oublier des choses, de perdre ses lunettes ou sa serviette de table, de ne pas se réveiller à temps pour être le premier à la boulangerie, de ne pas se rappeler son numéro de carte bleue. Bref, que de petites choses qui paraissent sans importance et étaient pourtant le signe avant-coureur d'un cataclysme.
Au bout d'un certain temps ma mère s'est inquiétée de voir que les troubles ne disparaissaient pas, et bien au contraire tout allait de mal en pis. Et puis elle l'a emmené voir ce même médecin incompétent qui nous a répondu cette phrase si bien connue des familles dans le même cas que la mienne: "C'est la vieillerie!". Quand j'y repense quel con! Quoi qu'il en soit, ma mère et moi, toutes candides que nous sommes, avons acquiescé sans broncher et avons cru ce malotru, d'autant que ses troubles se stabilisaient et qu'aucun nouveau symptôme n'apparaissait.

Et puis l'an dernier, il a franchit un nouveau pallier. Son état mêlait pertes de mémoire, d'équilibre, dépression et paranoïa. Mis devant les faits, le médecin accepte enfin de lui faire passer les tests d'alzheimer. Fort était de constater le diagnostique, il était bien atteint de cette terrible maladie. Après cette nouvelle descente, son état c'est une nouvelle fois stabilisé.

Cependant, les troubles et symptômes sont devenus de plus en plus importants et nombreux. Mais pourquoi s'affoler puisqu'un nom était posé dessus. Nous préférions donc en rire, mais jamais devant lui de peur que ça ne blesse ou qu'il ne nous déclenche une nouvelle crise de paranoïa ou de démence.
Lorsqu'il lui arrivait donc de revenir de sa chambre et de traverser la cuisine pour s'installer dans le salon, vêtu de sa blouse de travail bleue sans rien en dessous, avec un chausson à un pied et à l'autre une sandalette et une chaussette, ma mère et moi ne pouvions nous empêcher de nous regarder et d'exploser de rire devant se si étrange et burlesque tableau. Nous disant au plus profond de nous-même: "C'est moche de vieillir, jamais je ne veux finir ainsi!".
Parfois, la situation devenait plus tragique, notamment lorsque, s'en prenant à mon petit ami, il dit à ma mère "je ne veux plus le voir chez moi, il veut tuer tous les chiens. T'as pas entendu les manifestants devant la porte cette nuit?"; Tragique aussi, aurait pu devenir chacune de ses marches dans le village où partant au petit jour, il revenait essoufflé, surtout qu'il allait sur la route, en plein milieu de l'asphalte, se moquant des voitures qui passaient.

Mais un jour, ses problèmes ont pris des proportions considérables car, plongé dans les films que sa paranoïa esquissait et avait inscrit dans son esprit, il s'en prit à mes parents, arguant que nous voulions lui prendre son argent et détruire sa maison et refusa de manger de peur que nous essayions de l'empoisonner.
La descente qui s'amorçait alors allait être vertigineuse: un véritable saut en chute libre. Tout s'est dégradé en l'espace de cinq jours...

JOUR 1: Nous savions depuis le matin que la journée s'annonçait mal car il n'avait pas prononcé le nom de mon cher et tendre en lui disant bonjour. En effet, nous avions remarqué que lorsqu'il disait "Bonjour, Steve" de façon clairement audible, alors la journée allait être bonne. Et lorsqu'il disait seulement "Bonjour, brrrbrrbbrr" (ne se rappelant pas de son nom) ou bien "Bonjour, monsieur" (ne se rappelant pas de son visage), alors la journée allait être un véritable enfer. Et ce jour là se fut le cas. La matinée fut assez calme mais maman restait aux aguets, prête à bondir au moindre bruit. L'après midi ça commençait déjà à se gâter. Maman le vit se lever et crier après la présentatrice du journal qui ne lui répondait pas. Il resta ensuite toute la journée dans le fauteuil devant la chaîne sportive et seul, pourtant on l'entendait rire aux éclats et tenir une discussion avec des personnes de son passé, invisibles pour nous. Le soir, il s'en prit à ma mère, l'accusant des pires horreurs et la traitant de tous les noms. Disant qu'à cause d'elle plus personne ne voulait lui parler, qu'elle avait jeté la honte sur la famille.
Boudeur il refusait de manger à notre table. Ma mère eut le bon réflexe d'appeler notre médecin en urgence. Lorsqu'il arriva, grand-père était assis à table, discutant tout seul et faisant avec les mains de petits gestes, comme s'il semait du blé. Le docteur lui a donné un somnifère et l'a couché; nous disant que son état était grave et qu'il fallait d'urgence voir la responsable du service gériatrique de l'hôpital.

JOUR 2: Le rendez-vous était pris. Et cela devenait vraiment urgent car grand-père ne pouvait plus marcher ni parler. Le matin nous l'avons trouvé nu, par terre, en plein courant d'air et nageant dans son urine. L’après midi il ne pouvait plus déglutir et il avait la bouche pleine de glaires. Moi en rentrant des cours, j'ai du m'occuper de lui, le laver, lui parler, le rassurer. Ma mère l'ayant eu toute la journée en plus de mon neveu de 18 mois et bien turbulent. Il fallait la soulager. Je n'avais pas le choix. Même si après une dépression lourde de conséquence et 1à kilos en moins en seulement deux semaines, je ne tenais plus debout moi-même.
Les jours suivants furent plus que terribles. Et j'admire ma mère pour son courage et sa détermination. Elle a tout tenter pour le garder à la maison, lit médicalisé, siège popo... mais fut un moment où elle n'en pu plus et où nous fîmes obligés de l'hospitaliser. La santé de ma mère devenait de plus en plus préoccupante, elle ne mangeait plus ne dormait plus, ne souriait plus. Cette hospitalisation fut un réel soulagement. Cela avait fini par flinguer toute la famille.

Les médecins nous ont encore démontré leur incapacité et leur froideur, ils sont sans cœur. Ils ont osé dire à ma mère qu'il était scandaleux que mon grand-père soit dans un état sanitaire si déplorable, alors qu’eux-mêmes l'avaient laissé dans un couloir sans s'en occuper de la journée puisque des glaires étaient collées sur sa langue et sa bouche, dont de la bave coulait pour atterrir sur sa blouse trempée. Je crois que s’ils s'étaient adressés à moi, je leur aurais collé mon poing dans la gueule! Je trouve cela totalement déplacé.

Durant les deux mois de son hospitalisation, mes parents ont vu l'état de mon grand-père se dégrader considérablement au fil des jours. Chaque fois qu'ils allaient le voir, les médecins les harcelaient pour qu'ils le déplacent vers une maison médicalisée, sachant que nous avions d'énormes problèmes financiers, et que nous ne pouvions prendre en charge ce placement. Au bout des deux mois ils devenaient franchement agressifs alors nous avons fini par exécuter leur volonté. Nous lui avons trouvé une maison formidable, où le personnel soignant était bien différent que dans cet horrible hôpital. Deux jours après ma tante nous appelions pour nous avertir de son décès.

Ce fut le plus dur pour ma mère, elle n'était pas avec lui lorsqu'il est décédé, ma tante était à sa place. Elle lui en a voulu car c'était son droit d'être avec lui à ce moment là, elle qui s'en est occupé seule pendant cinq ans, alors que l'autre ne faisait que de lui pomper tout son fric. Là j'ai du tout prendre en main, ma mère était trop déboussolée pour s'en charger. J'ai appelé toute la famille pour les prévenir, me suis occupée de la bouffe et de la réception de tout le monde à l'enterrement, et du buffet, et des fleurs, et de remettre les faire-part, et de tout pour l'amour de ma mère.

Je déteste les médecins qui nous ont fait le déplacer alors qu'ils savaient que son cœur était fragilisé et ils lui ont fait faire 300km, pour lui faire passer deux jours dans sa maison médicalisée pour finir avec un coroner bouché. Je les haie.
J'adore ma mère pour son courage dans cette épreuve, et son amour qu'elle a su communiquer autour d'elle.
Merci maman! Je t'aime.

Je tiens à dire à tour ceux qui subissent, ont subi ou subirons la même chose que moi, que si vous finissez par détester la personne malade, c'est naturel, car à cause d'elle vous souffrez, et la mort en le délivrant vous délivre aussi. Rien sauf la mort, pour l'instant ne peut apaiser leur esprit.

Au revoir grand-père. Je t'aime. Merci de m'avoir élevée, et d'avoir cédé à tous mes caprices même celui de me faire des omelettes tous les jours deux années durant. Merci grand-père pour ta gentillesse envers moi, ta discrétion pour toutes les clopes que je te piquais. Et bien sûr pour ton amour, ta patience et toutes les bonnes anecdotes que tu me racontais. Tu m’as élevée, tu m’as aimée, tu m’as fiat découvrir le bonheur de voir de petits porcelets se rouler dans la boue, m’a permit d’avoir un bébé chat rien qu’à moi, d’échapper à la cantine tous les midis de mon enfance, de savoir ce que c’était d’aller à l’école à pieds, par temps froid, et d’assister aux cours vêtu d’une blouse bleue grise, chaussé de sabots. Bref, tu m’as vu grandir et je t’ai vu mourir. Pour tout, merci grand-père ! Je t’aime !
Tu vas me manquer.
Merci.
Cliquez ici si vous pensez que ce fichier est illégal.
Voir et déposer des commentaires (3) sur le fichier.
Fichiers textes
Amour, blagues, blagues sexe, histoires, insolites, poêmes, zautres...
Fichiers images
3D, animaux, blagues, blagues sexe, cinéma, infographie, insolites, jeux vidéo, paysages, publicités, sports, stars, transports, zautres...
Fichiers sonores
Blagues, blagues sexe, bruits, compositions par les membres, parodies, publicités, samples, zautres...
Fichiers vidéos
Blagues, blagues sexe, publicités, rencontres, vidéos par les membres, zautres...
Il y a 35 rubriques qui contiennent un total de 353 fichiers.